L’armée de l’air Française a réalisé son premier ravitaillement d’un hélicoptère en vol de nuit
C’est une première pour l’armée de l’air Française, les premiers essais avaient eu lieux courant octobre 2015, mais les tests concluant se sont déroulés à la fin du mois de février 2016. L’opération, extrêmement délicate a permis à un avion ravitailleur MC-130J de se « brancher » à un hélicoptère Caracal de l’arme de l’air Française.
L’opération s’est déroulée en pleine nuit, une situation encore plus difficile pour les pilotes. En effet la manœuvre consiste pour l’avion MC-130J a enfiler l’embout de la perche télescopique de l’hélicoptère Caracal dans un « panier« , un entonnoir de moins de 80 cm de diamètre au bout d’un tuyau traîné par l’aile du ravitailleur. Le tout s’effectuant à 220 km/h, avec les pales du rotor distantes d’à peine 15-20 mètres de l’avion, à une hauteur de 2000 pieds soit environ 600 mètres du sol.
D’après le lieutenant colonel « Alfred » commandant en second de l’escadron 1/67 Pyrénées : « On est aux limites de ce qu’on peut faire: l’avion est pratiquement à sa vitesse minimale au risque de décrocher en-deçà, et l’hélicoptère pratiquement à sa vitesse maximale, sous menace de passer dans la zone de turbulences générée par les moteurs de l’avion. »
Une « rupture » pour l’armée Française
Cette technique, qui jusqu’alors était uniquement maîtrisée par l’armée Américaine et ce depuis la fin des années 60 fait dorénavant partie des possibilités de l’armée Française. Les militaires qualifient cette technique de « Game Changer » et permettra de changer radicalement la capacité de projection de l’armée, notamment lors de ses opérations au Sahel, que ce soit en soutien aux forces, en reconnaissance, en recherche et sauvetage au combat.
Sans cette aide au ravitaillement, un hélicoptère Caracal dispose de seulement 4 heures maximum d’autonomie. Avec ce type de ravitaillement, la portée d’action des hélicoptères Caracal irait jusqu’à l’équivalent du territoire Français. Toujours d’après le lieutenant-colonel « Alfred » : « On bascule vraiment dans une autre dimension. Avec un seul avion, on peut emmener des hélicos très, très loin, sans nécessairement la mise en place logistique, l’acheminement d’hommes et matériel qui constitue souvent une mission dans la mission ».
Cette nouvelle technique sera prochainement utilisée lors de la mission Barkhane qui couvre actuellement 5 pays, et dont le terrain des opérations rendra encore plus utile ce type de procédé. Des terrains dont la particularité (chaleur, sable) font du ravitaillement de nuit une valeur ajoutée. Toujours d’après le lieutenant colonel « Alfred » : « L’un des gros avantages est la discrétion: si on arrive directement de notre base de départ, on a une capacité à surprendre et, de nuit, on est encore plus difficile à déceler. La fraîcheur nocturne améliore aussi les performances de l’hélicoptère, sa capacité de charge, pour des questions de densité de l’air. »
